dimanche 21 octobre 2007

SAINT PAUL vu par les juifs. (exposé succinct par Bernard Birkan, 8 octobre 2007)

Si Saint Paul, né Saül de Tarse, n’est pas, particulièrement aimé des juifs, c’est, sans doute, parce qu’il incarne pour eux une rupture brutale avec la religion de ses pères. Les historiens le décrivent comme « l’architecte » d’une religion nouvelle, en opposition radicale et même hostile au judaïsme.

En dehors des points essentiels de confrontation théologique entre judaïsme et christianisme : l’Unicité de Dieu, l’idée du sacrifice expiatoire du Fils, celle de la grâce ou du salut offerts exclusivement aux chrétiens, on doit considérer également la manière dont ces deux religions ont évolué au cours des siècles qui suivirent les évènements de Palestine en l’an 30.
Ce ne fut pas une attitude de respect mutuel, si bien incarnée au XXème siècle par le cardinal Jean-Marie (Aaron) Lustiger ou le prêtre orthodoxe russe Alexandre Men mais, hélas, une attitude souvent agressive envers le judaïsme comme celle de Saint Paul. (Et, bien sûr, une réaction également brutale de la partie adverse).

Shmuel Trigano dans «L’E(xc)lu», p.26 cite Saint Paul : « Les Juifs ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes, ils nous ont persécutés, ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes(1 Th 2,15) » …. «La colère est tombée sur eux définitivement » (16).
Trigano conclut ainsi son introduction : Avec Paul débute un nouveau type de discours, très différent à la fois du Tanakh, la Bible juive, bien évidemment, mais aussi des Evangiles, un discours marqué par la volonté de convaincre, la polémique, l‘argumentation. On peut qualifier ce discours d’«idéologique» dans le sens où il n’est pas une énonciation – ou en l’occurrence – une annonciation – mais une construction (utilitariste) visant une finalité : démontrer la vérité du Christ par différents moyens….

Le rabbin Isaac-Marc Choucroun (1915-1952) dans son étude «Le judaïsme a raison de refuser le christianisme» Editions de la Fondation Séfer 1955, précise
A la Thora (Mot hébreu habituellement traduit par Loi, mais signifiant plus exactement enseignement), gage de vie et de salut, comme l’avait enseigné Jésus (Matthieu XIX,17), Paul substitua une idée nouvelle : la foi primant tout, la foi supérieure à la loi et aux bonnes œuvres, (Romains IX, 10-33). Désormais il fallait «croire au Seigneur Jésus-Christ » (Actes XVI,31), «croire que le fils de Dieu était ressuscité, après avoir offert sa vie en sacrifice expiatoire pour le péché des hommes» (Romains IV, 23-25).

Saint Paul était, faut-il le rappeler, citoyen romain et, en confirmant à la suite des Evangiles l’innocence totale de Ponce Pilate dans la condamnation à mort de Jésus, il accablait particulièrement les juifs. Cette injuste malédiction (Le pouvoir en Palestine appartenait en réalité à Rome), allait être la source de bien des souffrances et des humiliations endurées pendant des siècles par les juifs en Europe.